Un parcours de vie Mais avant de se passionner pour le soudage, après son secondaire, Joanie a travaillé pendant un an dans un restaurant de beignes, puis elle est allée vivre la grande ville, à Montréal, où elle a gagné sa vie dans différents bars pendant quelques années avant de revenir en Gaspésie et d’être engagée dans une entreprise qui fabrique des pales d’éoliennes. Elle a aussi travaillé comme journalière dans un atelier spécialisé en fibre de verre. Il s’agissait pour l’ouvrière de couper, sabler, coffrer et laminer les pièces. « Mais c’était très difficile physiquement, si bien que j’ai abandonné après six mois. »
Retour à l’école Joanie a eu l’opportunité de travailler comme apprentie soudeuse en atelier. En réparant des conteneurs de marchandises et au contact de ses collègues, elle a appris énormément sur le métier. Motivée par l’envie d’améliorer sa qualité de vie, la jeune femme a entrepris sa formation en soudage au centre de formation professionnelle Anjou. Le conseil de bande de Gespeg a soutenu financièrement son retour à l’école, mais à la moitié de sa formation, elle est tombée enceinte et a dû interrompre momentanément sa formation.
Après son congé de maternité, elle a souhaité terminer ses études pour obtenir son diplôme, chose maintenant faite au CFP de Sorel. Joanie est très enthousiaste lorsqu’elle parle de ce centre de formation et de ses enseignants.
« Lorsqu’on aborde le travail avec les bonnes qualités –humilité, désir de perfectionnement– on a de bonnes chances de réussir, voire d’exceller. »
Minoritaire, mais jamais victime Le soudage est un métier où les femmes se font rares. En effet, malgré les efforts du Programme d'accès à l'égalité des femmes dans l'industrie de la construction (PAEF), la part de femmes dans le secteur du soudage et en soudage haute pression n’est passée que de 1,35% à 2,14 % entre 2015 et 2019, se rapprochant lentement de l’objectif de 3 % du PAEF. Actuellement, on compte 19 soudeuses en activité au Québec; les femmes représentent ainsi 2,2 % des effectifs. Des mesures d’accès et de maintien à l’emploi ont été mises sur pied, avec incitatifs financiers pour les entreprises.
Être une femme dans un domaine où la présence des hommes est dominante n'a jamais été un problème pour Joanie : « J’ai grandi entourée d’amis gars. Quelqu’un me fait un commentaire déplacé? Je lui réponds. Cela ne me gêne pas. Je n’ai jamais vécu de discrimination. Je crois en moi et en mes capacités. Je suis toujours prête à montrer ce que je suis capable de faire. »
Un métier de feu Les soudeuses-monteuses et les soudeurs-monteurs réalisent des projets de montage et de soudage de charpentes d’acier, de chaudières, de machinerie lourde, d’avions, de bateaux et d’autres produits métalliques d’après des plans et devis, et avec l’aide d’appareils manuels ou semi-automatiques.
Actuellement, Joanie fabrique et soude des pièces chez NBV Maintenance Industrielle: « C’est un métier qui peut sembler routinier, mais qui ne l’est pas, explique-t-elle, car les projets et les pièces à souder varient énormément. J’adore souder. Me retrouver dans ma bulle. Concentrée. Toute l’énergie que ce métier suppose. Et voir le résultat du travail accompli. C’est wow! »
Elle habite à Contrecœur, pas très loin de Sorel avec son conjoint et sa fille qui a déjà quatre ans.
Le quotidien d’une soudeuse Le message qu’elle lance aux jeunes filles qui envisagent une avenue traditionnellement masculine comme le soudage? : « C’est un beau métier lorsqu’on on aime avoir la paix et travailler en solo, et si on est prête à jouer avec le feu et qu’on déteste la routine. »
Le métier de soudeuse exige une excellente dextérité et une bonne acuité visuelle. Il est possible d’évoluer dans des industries variées : « Je considère qu’on doit accepter de développer tranquillement notre main de soudeuse. Être prête à essayer de nouvelles façons de faire, de nouvelles techniques. C’est exigeant physiquement, il faut être en mesure de supporter la chaleur, mais le corps s’adapte. »
La passion de la compétition Pourquoi Joanie s’est-elle intéressée aux Olympiades des métiers et des technologies? « Une fois dans ma vie, j’avais envie d’aller au bout d’une aventure de ce type! » Elle avait déjà fait ses premiers pas sur le marché du travail lorsqu’il a été question de s’inscrire. « J’avais vraiment envie de vivre cette expérience, car cela n’avait pas été possible pendant la pandémie. C’était ma chance de me confronter à d’autres soudeurs et de vivre une compétition d’envergure! » Avec l’aide de son entraîneur et enseignant Martin Daigle, elle a remporté l’or à son école, l’or à nouveau à la finale régionale et la médaille d’argent à Québec. Une expérience extrêmement valorisante et une belle fierté pour et sa famille!
Un métier en forte demande Cet emploi traditionnellement masculin –mais qui exige beaucoup d’endurance, de rigueur et de minutie– s’avère de plus en plus accessible aux femmes en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Actuellement, les perspectives d’emploi sont excellentes pour les soudeurs et les soudeuses. La demande de main-d’œuvre sur les chantiers de construction est en forte croissance, car le roulement des travailleurs crée un besoin de relève, et peu de travailleurs sont présentement disponibles pour combler les besoins de main-d’œuvre, selon la Commission de la construction du Québec (CCQ).
Espoir et projets Lorsqu’elle n’est pas au travail, Joanie apprend les rudiments de la mécanique auto avec son conjoint dont c’est le métier. Elle fabrique des capteurs de rêve, bricole ou se détend en pratiquant des sports et des activités de plein air.
Dans les prochaines années, la jeune soudeuse entend prendre de l’expérience. Elle envisage de monter en grade en devenant inspectrice. Elle aimerait par-dessus tout avoir la chance de devenir enseignante en soudage, une envie qui lui est venue en participant aux Olympiades des métiers. « Qui sait, j’y retournerai sûrement un jour comme entraîneure! »