Kathleen Woodbury a grandi à Val-d’Or. À la fin de ses études secondaires, elle était décidée à aller suivre une formation professionnelle pour l’amener rapidement sur le marché du travail : « Je n’ai jamais été une grande fan de l’école, confie-t-elle.
Au départ, je pensais aller étudier en mécanique diesel, mais en discutant avec mon père et en effectuant des recherches sur Internet, j’ai découvert le métier de machiniste. L’aspect créatif me correspond bien. » Secteur méconnu de la formation professionnelle, l’usinage se révèle pourtant un domaine fascinant offrant des opportunités de carrière variées et stimulantes, des petites PME aux grandes entreprises comme Bombardier.
La formation Pour accéder au métier de machiniste, il faut obtenir le DEP en usinage, une formation de 1800 heures réparties sur deux années . Kathleen a suivi sa formation au centre de formation Harricana, à Amos.
Comme cette école est située à une heure de route de la maison familiale, et en tenant en compte des hivers rudes de l’Abitibi, Kathleen s’est installée dans les résidences scolaires pour la durée de ses études. Cela lui a donné l’occasion de gagner en autonomie et en maturité.
Le métier de machiniste n’est pas commun. C’est quelque chose qui m’a attirée : faire quelque chose de différent. Et c’est un secteur offrant de bonnes conditions de travail.
Kathleen Woodbury, machiniste
One of the boys La future machiniste s’est retrouvée dans une classe exclusivement masculine. « J’ai été chaleureusement accueillie par mes collègues et mes enseignants, commente-t-elle. Dans ma cohorte, on est tissés serré et on s’entraide. L’école Harricana est un beau milieu de vie, tout le monde se connaît, et ça se passe super bien. »
Au centre, la formation en usinage est offerte en parcours individualisé , ce qui permet à chaque élève de progresser à son propre rythme. « Dès que j’ai commencé à travailler sur les machines-outils, j’ai su que j’étais à ma place et que je serais en mesure de faire le métier. » poursuit Kathleen.
Une formation : deux métiers La formation professionnelle en usinage ouvre sur deux métiers.
D’abord, les opératrices et les opérateurs de machines d’usinage, aussi appelés machinistes, règlent, programment et opèrent les machines-outils comme un tour, une fraiseuse, une aléseuse ou une cisaille. Ils usinent des pièces mécaniques dans différents types de métaux (acier, aluminium, cuivre, acier inoxydable, par exemple) et vérifient les dimensions des pièces usinées à l'aide d’outils de précision. Un emploi comme opérateur de machines d’usinage exige une excellente vision et convient aux personnes qui ont le sens du détail. « On apprend à dessiner, à lire un plan puis à programmer nos machines-outils pour fabriquer des pièces, indique Kathleen. On peut créer des vis, des marteaux, des pinces, toutes les pièces imaginables. Cela exige de la dextérité, de la minutie et un esprit logique et analytique pour faire les choses en suivant les bonnes étapes. »
La formation en usinage ouvre également sur le métier de machiniste sur machine CNC, parfois appelé outilleur-ajusteur. Ce métier se spécialise dans la programmation de machines-outils à commande numérique. C’est le secteur de l’usinage que préfère Kathleen : « On opère des tours et des centres d’usinage à commande numérique, un secteur en constante évolution. Il faut aimer relever des défis! »
Les Olympiades québécoises Au centre de formation fréquenté par Kathleen, les élèves ont eu l’occasion de regarder des vidéos présentant les Olympiades des métiers. Cela n’en a pas pris davantage pour lui donner de goût de vivre l’aventure : « J’étais confiante, certaine de vivre une belle expérience et prête à m’investir. » Sous la supervision de son enseignant, Kathleen s’est entraînée intensément pendant cinq mois, ce qui lui a permis de remporter aisément la sélection lui donnant son ticket pour la finale provinciale. Par bonheur, les modules qui concernaient les compétitions sont ceux qu’elle devait suivre en classe à la même période; tout s’est complété à merveille. À Québec, avec le stress du public et de la compétition, Kathleen a rencontré des difficultés, mais elle s’en est bien sortie et elle a remporté la médaille de bronze : « Une grande fierté pour moi! Je suis si contente d’avoir relevé ce défi! »
Au travail Dans l’atelier numérique qui l’embauche cet été avant qu’elle retourne terminer sa formation à l’automne, Kathleen opère des machines-outils (tour, fraiseuse, scie motorisée, cisaille hydraulique) qui découpent des pièces ou gravent des pièces de métal; ces pièces serviront, lorsqu’assemblées, à fabriquer une perceuse (drill) utilisée dans l’extraction minière.
Elle a parfois un parfum de WD-40 qui lui colle à la peau, mais rien qui ne parte pas après une bonne douche. Elle côtoie une équipe d’une vingtaine de travailleurs…ainsi que deux robots! « J’aurai bientôt l’opportunité de me perfectionner en apprenant à programmer les robots, dit-elle avec enthousiasme. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les robots seront de plus en plus nombreux. »
Place des femmes et perspectives Pour la jeune machiniste, il ne fait aucun doute que les femmes peuvent travailler en usinage au même titre que les hommes. « Dans le cadre de mes fonctions, je n’ai jamais subi de discrimination. Tout ce qu’il faut, c’est faire connaître le métier davantage, et faire savoir que les femmes y sont bienvenues. » Si on se donne à fond, qu’on croit en soi et qu’on travaille fort, il n’y aura aucun obstacle à notre réussite, ajoute Kathleen.
Les machinistes sont très recherchés et Kathleen entend bien faire une longue carrière dans ce domaine. « C’est un métier stimulant, il y a toujours de nouvelles choses à apprendre et à créer. » Elle vient de partir vivre en appartement. Dans les prochaines années, elle envisage d’acquérir une maison, de faire de beaux voyages : « C’est un métier où j’entrevois un bel avenir. C’est stimulant et passionnant. », conclut-elle.