Le parcours de Gabrielle n’a rien de linéaire. «J’ai commencé une Technique en éducation spécialisée, mais j’ai arrêté. La théorie me demandait trop, surtout sans médication pour mon TDA. Je réussissais en pratique, mais pas sur papier», ajoute-t-elle avec naturel. C’est avec franchise et humilité que Gabrielle parle de ses détours. Car derrière cette décision difficile se cachait déjà une volonté de trouver sa place, autrement.
Le déclic: un bootcamp qui change tout

«Ma mère a vu une annonce pour un bootcamp en construction. Elle m’a inscrite. Il y avait plusieurs métiers à essayer, dont l’électricité. J’ai accroché tout de suite», explique Gabrielle avec enthousiasme.
Le bootcamp, c’était l’opportunité parfaite de reconnecter avec ses aptitudes manuelles, celles qui l’habitaient depuis l’enfance. «Petite, je construisais des cabanes avec du bois, je bricolais toujours quelque chose. J’ai toujours été minutieuse, curieuse de comprendre comment les choses fonctionnent.»
Encadrée par des professeurs passionnés et des étudiants avancés, elle apprend à couper de la céramique, à câbler un interrupteur, à tester une lumière… et elle découvre un monde qui lui ressemble. «En électricité, c’est concret. Tu vois le résultat de ton travail, et ça fonctionne.»
« Je n’aime pas être dans un bureau. J’ai besoin de bouger, de voir du monde. J’aime la logique, résoudre des problèmes. C’est comme un jeu de ''cherche et trouve'', tu as un problème électrique, tu cherches, tu trouves la solution la plus efficace. »
Apprendre à allumer
La formation en électricité n’est pas de tout repos. Gabrielle l’a vécue avec intensité, engagement et, parfois, un brin de stress.
«Les débuts de modules étaient durs. Tout était nouveau. Il fallait assimiler vite. Mais je prenais beaucoup de notes, je posais des questions, et les profs étaient super présents.» Ce qui la passionne dans ce métier? Comprendre. «Avant, je me demandais comment une lumière s’allume, comment circule l’électricité. Maintenant, je le sais. C’est fascinant. J’aimais voir l’évolution entre le début et la fin d’un module. Je me disais: wow, j’ai réussi.»
Une pionnière parmi les gars… pourquoi pas?
Gabrielle aux Olympiades québécoises des métiers et des technologiesDans sa cohorte au CFP des Portages-de-l’Outaouais (campus Asticou), Gabrielle n’était pas la pas seule femme, mais presque alors qu'elles étaient seulement deux pionnières à suivre la formation. «Je n’ai jamais eu peur d’être la seule pionnière. J’ai toujours été avec les gars. Au primaire, je jouais au soccer avec eux. Je suis sportive, j’aime bouger, alors je me fondais bien dans leur gang. Je n’ai jamais pris les choses personnelles, et je sais m’affirmer.» Et l’ambiance à l’école? «Franchement, c’était respectueux. Les profs disaient parfois “les gars”, mais je ne m’en offusquais pas. Je me considérais comme faisant partie de l’équipe.»
L’étincelle des Olympiades
Gabrielle aux Olympiades québécoises des métiers et des technologiesCeux qui côtoient Gabrielle savent qu’elle ne fait pas les choses à moitié. Un professeur l’approche un jour et lui propose de participer aux Olympiades des métiers.
«Il m’a dit que j’étais une élève modèle. J’étais plus rapide que la majorité des autres élèves de la classe, mes montages étaient fonctionnels, je posais les bonnes questions. Je n’avais jamais échoué à un examen»
Elle accepte le challenge. Gabrielle gagne la petite finale de classe, puis se rend aux Olympiades québécoises, à Québec. «J’étais la seule pionnière sur douze participants. Même si j’étais stressée, même si je sais que j’aurais pu mieux performer, je me dis que j’étais la meilleure pionnière du Québec dans ma discipline. J’étais là, et j’étais fière.»
Une électricienne en pleine action

Aujourd’hui, Gabrielle travaille pour l’entreprise Seguin Morris, dans le secteur de l’électricité de service. Elle intervient dans les rues, les parcs, les usines d’épuration d’eau de la Ville de Gatineau.
«On fait l’entretien de l’éclairage urbain. On répare les lampadaires, on remplace les vieilles ampoules par des DEL.. On est sur appel parfois, par exemple lorsqu’un poteau tombe la nuit.»
Gabrielle travaille en hauteur, dans un camion nacelle, équipée de son harnais et de son casque. «C’est impressionnant, mais sécuritaire. Et gratifiant: on peut faire plus de 20 lumières par jour.»
«Ne t’arrête pas à ce que les autres vont dire. Tu n’es jamais toute seule. Fais-toi confiance. Ce n’est pas parce que tu es une pionnière que tu n’es pas capable. Oui, souvent les gars sont plus forts physiquement. Mais il suffit de demander un coup de main, comme n’importe qui d’autre. Ce n’est pas un problème de genre, c’est une question de logique.»
Des rêves à bâtir

Gabrielle ne se limite pas à son métier. Elle rêve aussi de bâtir sa propre maison un jour — et d’en faire l’électricité elle-même.
Elle songe même à lancer sa propre entreprise. «Une équipe d’électriciennes, pour que les femmes qui appellent soient à l’aise. On voit souvent dans les films une femme seule qui reçoit un gars qu’elle ne connaît pas. Moi, je veux créer un espace rassurant, professionnel, féminin.»
Gabrielle Godin allume plus que des lampadaires: elle éclaire le trajet pour toutes celles qui hésitent encore à plonger dans le monde des métiers non traditionnels. Et avec son casque, son harnais, ses outils et son sourire, elle prouve qu’il n’y a pas de courant trop fort quand on sait où l’on va.
Le métier d'Électricienne, c'est quoi?

Les électriciennes et les électriciens installent, réparent et modifient des circuits et de l’équipement électriques (moteurs, interrupteurs, disjoncteurs, automates, etc.). Ils installent des systèmes électroniques et des réseaux de communication. Sur les chantiers, dans les résidences, les commerces et les entreprises, les électriciens installent, réparent et remplacent des luminaires et du matériel électrique, des systèmes de chauffage et des systèmes d’alarme. C’est un métier essentiel qui offre des conditions salariales intéressantes. Un emploi d’électricien convient aux personnes habiles de leurs mains, capables de travailler en hauteur, dans des lieux exigus et à l’extérieur.
- Secteur: Électrotechnique
- Durée de la formation: 18 mois
- Salaire horaire moyen: 39,00$