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Jenifer St-Hilaire, une étincelle qui mène la charge

Publié le : 12 avril 2021
Jenifer St-Hilaire, une étincelle qui mène la charge

Au Québec, les électriciennes représentent 1,79 % de l’ensemble des électriciens œuvrant sur les chantiers de construction (source : CCQ, 2019). C'est encore peu, mais le Québec progresse. Le phénomène s’observe d’ailleurs dans tous les secteurs de la construction : Plus de 4 300 femmes étaient actives sur les chantiers en 2019, alors qu’elles étaient 2 289 en 2015 (+88 %).

Pour la même période, plus de 1 200 femmes ont débuté une carrière dans un métier de la construction; les mesures de redressement d’accès à l’industrie ont été bénéfiques pour l’augmentation des entrées des femmes, alors qu’elles étaient seulement 363 en 2015 (+241 %), nous indiquent les statistiques les plus récentes de la Commission de la construction du Québec (CCQ).

Passionnée de l’électricité

Passionnée de l’électricité
Jenifer a choisi un DEP en électricité à l’École Professionnelle des Métiers (EPM) dont elle est sortie diplômée en 2012.

L’électricité, Jenifer St-Hilaire est tombée dedans toute jeune. À cinq ans, elle installait déjà des prises électriques, reproduisant les gestes de son père, maître-électricien. Ses parents ayant acheté une vieille maison où tout était à refaire, la maison s’avère alors être un véritable terrain de jeu. Jenifer touche à un peu tous les aspects de la rénovation : démolition, installation de parquet, revêtement de mortier. Mais ce sont les circuits électriques qui suscitent le plus sa curiosité.

La première étincelle ? Adolescente, elle commence à accompagner le paternel sur les chantiers, s’intéressant à tout et souhaitant tout apprendre d’une profession qui déjà la passionne. Quant à la routine, elle ne fait pas partie de son quotidien. « Il n'y a pas de journée type, car les interventions sont très variées », explique-t-elle.

C’est électrique !

C’est électrique !
Durant son parcours, elle découvre l’étendue des possibilités offertes par le métier d’électricienne dont celles concernant les secteurs commerciaux et industriels.

Directement après le secondaire, Jenifer fait son choix de carrière : elle sera électricienne. Une de ses enseignantes tente de la décourager. Sa mère a peur que ce soit dangereux. « Pour une fille qui a fait huit ans de cours de danse et qui courait les concours de beauté et les castings, j’avoue que ce choix avait de quoi étonner », raconte-t-elle.

Peu importe qu’elle soit la seule fille des deux classes en électricité, Jenifer suit le parcours classique à l’École Professionnelle des Métiers (EPM), à Saint-Jean-sur-Richelieu.

C'est la révélation : « Avec mon père, je m’étais initiée à l’électricité résidentielle. À l’école, j’ai pu aller plus loin et toucher les différentes facettes du métier, notamment dans les secteurs industriels et commerciaux, apprendre la programmation, l’installation domotique. Je me suis prise de passion pour les automates programmables si bien que je me suis portée volontaire pour assister mon professeur lors de soirées Explo! avec des jeunes du secondaire ». Comment expliquer cette passion qui se transmet souvent en héritage, tout simplement en soulignant qu’il s’agit d’un beau métier : « Je cherchais une activité où l’on travaille à l’extérieur comme à l’intérieur et qui soit à la fois manuelle et technique. Le métier d’électricienne fait appel à la logique, aux mathématiques, il offre de beaux défis professionnels et la possibilité de voir la progression d’un chantier du début à la fin. Et on en vit bien. Je ne me voyais pas passer mes journées dans un bureau ».

Passion : compétitions

Passion : compétitions
Les Olympiades québécoises ? « J’en ai mangé ! Grâce aux Olympiades québécoises, j’ai appris à me faire confiance. L’expérience m’a confirmé que j’étais bonne, que j’avais fait le bon choix ».

La dernière année de son DEP, Jenifer se lance à fond dans l’aventure des Olympiades québécoises, y consacrant ses soirs et des fins de semaine, remportant les compétitions locales et régionales : « J’en ai mangé! commente-t-elle. Grâce aux Olympiades québécoises, j’ai appris à me faire confiance. L’expérience m’a confirmé que j’étais bonne, que j’avais fait le bon choix ».

Le temps que lui consacre son enseignant lors des entraînements rend certains collègues de classe jaloux; certains digèrent aussi difficilement d’être « battus par une fille », mais Jenifer garde le cap sur son objectif : les finales canadiennes à Waterloo, Ontario. Là-bas, le stress, une certaine désorganisation et la barrière de l’anglais ont nui à sa performance, mais Jenifer en garde un bon souvenir : « L’appel de la délégation du Québec avec nos drapeaux… L’organisation si impressionnante. Quelle belle expérience! »

« Grâce aux Olympiades québécoises, j’ai appris à me faire confiance. L’expérience m’a confirmé que j’étais bonne, que j’avais fait le bon choix. »

Jenifer St-Hilaire, électricienne et enseignante

Premiers pas sur le marché du travail

Premiers pas sur le marché du travail
En 2012, à seulement 22 ans, elle accepte un poste d’enseignante l’École Professionnelle des Métiers (EPM) et forme depuis la relève demain.

Diplômée en 2010, Jenifer préfère chercher un emploi de façon autonome plutôt que d’aller travailler en compagnie de son père. Elle a la chance de connaître différentes expériences en entreprise : « C’est un métier physique, précise-t-elle. Mais lorsque l’on intervient sur un chantier, s’il y a des tâches où le fait que je sois moins forte qu’un homme me désavantage, mon gabarit me permet de travailler dans des espaces minuscules, les mains fines sont parfaites pour un travail qui demande de la minutie.

En somme, chacun travaille avec ce que la vie lui a donné. Je ne me suis jamais arrêtée au fait d’être une fille ». Et qu'en disent les clients et collègues ? « La plupart du temps, on est bien accueilli... Les clients cherchent avant tout un électricien compétent, qu’il soit homme ou femme. Avec les collègues, il faut encore supporter les mêmes vieilles blagues sexistes. Moi, je dis qu’il faut savoir en faire aussi ! », répond-elle avec le sourire.

« Avec les collègues, il faut encore supporter les mêmes vieilles blagues sexistes. Moi, je dis qu’il faut savoir en faire aussi ! »

Jenifer St-Hilaire, électricienne et enseignante

Combattre les clichés

Combattre les clichés
Son conseil : « Il faut avoir du caractère, ne pas être trop sensible ni soupe au lait. Les filles doivent dépasser les préjugés et se faire confiance. L’orgueil aide aussi, il ne faut pas le sous-estimer! »

Les clichés, Jenifer les combat au quotidien par la qualité de son travail. Sa taille menue, ses longs cheveux blond-platine, ses ongles manucurés ont fait douter son premier employeur, se souvient-elle avec un sourire : « Il m’a avoué lorsque j’ai quitté l’entreprise qu’il m’avait jugé négativement au départ, qu’il croyait s’être mis les pieds dans les plats en m’embauchant, mais que j’étais une bonne employée et qu’il ne voulait pas me perdre ».

À l’entendre, être une femme dans ce métier ne pose (presque) aucun problème, si ce n’est les horaires qui sont difficilement conciliables avec la vie de famille. Pour Jenifer, nos efforts devraient se concentrer à favoriser l’accès à la profession en faisant connaître les métiers auprès des jeunes filles : « Il faut organiser des rencontres où les femmes qui ont choisi des métiers traditionnellement masculins témoignent et des journées portes ouvertes avec juste des filles afin qu’elles puissent poser leurs questions et trouver des réponses sans crainte d’être jugées ».

Pour filles seulement

En 2012, Jenifer St-Hilaire a répondu à l’appel de l’école qui l’a formée lui offrant de devenir enseignante. À seulement 22 ans! « C’est une excellente école, et je me réjouis de voir que la situation des filles s’améliore d’année en année. Il y a beaucoup moins d’intimidation ».

Cela fait maintenant sept ans que Jenifer partage la passion du métier avec les électriciens et les électriciennes de demain. Jenifer réintégrera prochainement l’École Professionnelle des Métiers après une pause, à la suite de son deuxième congé de maternité. Elle a hâte de retrouver ses collègues qui travaillent actuellement à organiser un premier groupe composé uniquement de filles.

Ce projet se développe en partenariat avec le Centre d’Orientation et de Formation pour Femmes en Recherche d’Emploi (COFFRE inc.), un organisme à but non lucratif voué à l’amélioration des conditions socioéconomiques des femmes. L’organisme favorise la pleine participation des femmes sur le marché du travail dans une perspective d’égalité, d’équité et de durabilité. Cette initiative novatrice intéressera assurément les autres centres de formation professionnelle du Québec.

Son conseil aux femmes qui voudraient faire ce métier ? « Il faut avoir du caractère, ne pas être trop sensible ni soupe au lait. Les filles doivent dépasser les préjugés et se faire confiance. L’orgueil aide aussi, il ne faut pas le sous-estimer! »

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