Un métier qui coule de source

Avant la plomberie, Noémy rêvait d’un tout autre horizon. «Petite, je voulais être vétérinaire. Puis, en découvrant la construction grâce à mon beau-père, j’ai vu s’ouvrir un monde de possibilités.» Il y a six ans, ce dernier a troqué son ancienne carrière pour devenir plombier, suivant lui-même une formation à Saint-Hyacinthe. «Il m’a inspiré. En le voyant travailler, j’ai découvert à quel point j’aimais ça.» Quand est venu le moment de choisir son propre chemin, Noémy n’a pas hésité longtemps. «Il m’a recommandé cette école parce qu’il adorait les profs, alors je me suis inscrite là-bas.»
Ce qui la passionne dans la plomberie? Sa diversité. «Chaque jour est différent. Tu peux avoir le même problème deux fois, mais jamais la même solution. Chaque maison, chaque chantier a ses particularités. C’est vaste, et ça me fascine.» Avant même de commencer son DEP, elle a eu un avant-goût du métier en accompagnant son beau-père sur de petits travaux à quelques reprises. «J’ai tout de suite accroché. C’est là que j’ai décidé de m’inscrire.»
Une formation qui chauffe et qui éclaire

À l’École professionnelle de Saint-Hyacinthe, Noémy a trouvé un terrain idéal pour cultiver sa passion. «Ce que j’aime, ce sont les enseignants et l’espace. On a trois étages d’ateliers, on touche à tout, on découvre de tout. Les 14 enseignants sont là pour nous guider, toujours ouverts à nos questions.» Seule fille parmi 15 garçons dans sa classe, elle s’est imposée sans peine. «Il y a eu quelques commentaires déplacés, mais rien de méchant. J’en ai parlé avec les personnes concernées, et ça s’est réglé vite. Je n’ai jamais senti de vraie discrimination.»
La formation, divisée en deux grandes étapes, l’a captivée dès le départ. «La première moitié, c’est la plomberie pure: comment une maison est construite, comment poser des tuyaux, faire des soumissions. Ensuite, c'est le chauffage: comment chauffer une maison à l’eau chaude, tout organiser pour que ça fonctionne. J’apprends tous les jours, et ça ne s’arrête jamais.» Pourtant, le doute l’a parfois effleurée. «Au début, je me demandais si c’était vraiment ma place, si j’allais aimer ça toute ma vie. Mais une journée sur le terrain avec mon équipe chez Plomberie RSC, l’entreprise où je suis apprentie lorsque je ne suis pas en classe, m’a rappelé pourquoi j’avais choisi ce métier.»
Ses amis, loin de juger son choix d’un DEP plutôt qu’un cégep, l’ont admirée. «Ils trouvaient ça cool qu’une fille aille dans un métier de gars. Ils étaient impressionnés, et ça m’a boostée.» Aujourd’hui, elle rêve de continuer avec Plomberie RSC après son diplôme, où elle sera la première femme plombière de l’équipe. «Sur les chantiers, je croise rarement d’autres femmes, mais ça ne me dérange pas. J’aime être celle qui ouvre la voie.»
«Les femmes hésitent encore à se lancer dans la construction par manque de visibilité. On n’est pas nombreuses, alors certaines craignent de ne pas se sentir à leur place. Moi, je ne suis pas très forte physiquement, mais je trouve des techniques. Et puis, on n’en parle pas assez. Au secondaire, on mettait l’accent sur le cégep, pas sur les métiers comme la plomberie. Il faudrait parler davantage aux filles et aux garçons des métiers de la construction, dès l’école primaire.»
Les Olympiades: un défi en or
Noémy, après avoir remporté la médaille d'or aux Olympiades québécoisesAprès avoir décroché la deuxième place à la finale régionale de la Montérégie, Noémy a vu une porte inattendue s’ouvrir: la première place lui a été cédée pour les Olympiades québécoises des métiers et des technologies. «C’était incroyable. Je ne m’attendais pas à ça!»
Mais la surprise ne s’est pas arrêtée là. Grâce à son travail acharné et à un entraînement intensif avec son professeur Pascal — sur des plateformes conçues à partir des plans des organisateurs — elle a littéralement construit sa victoire. «On reproduisait des montages pour que je sois prête à tout », explique-t-elle.
Noémy en compétition, lors des Olympiades canadiennes à RéginaEt prête, elle l’était: Noémy a remporté la médaille d’or lors des Olympiades québécoises, un exploit qui lui a valu une place au sein de l’Équipe Québec, sélectionnée pour représenter la province aux Olympiades canadiennes tenues à Régina, du 28 au 31 mai 2025.
Qu'est-ce qui l'a motivé à tenter l'aventure? «L'expérience. On m’en a tellement parlé que je me suis dit que je ne pouvais pas rater ça.»
Briser les tabous, tuyau par tuyau

Et qu’est-ce qu’il faut pour réussir dans un domaine non traditionnel? «De la passion et de la volonté. Si tu n’aimes pas ce que tu fais, les journées seront longues. Moi, j’adore la plomberie, alors ça coule de source.» Ce qu’elle aime dans la construction, c’est aussi son égalité. «Tout le monde a sa place. Les apprentis et les compagnons ont des salaires déterminés, les mêmes avantages. Il n’y a pas de favoritisme.»
À celles qui hésitent, Noémy lance un appel vibrant: «Foncez! Ce n’est pas toujours facile, mais ce que je vis, c’est incroyable. Oubliez la petite voix qui dit que vous n’êtes pas capables parce que vous êtes une fille.» Avec sa clé à molette en main et son regard tourné vers l’avenir, Noémy Guitard ne se contente pas de réparer des tuyaux : elle bâtit un monde où les femmes ont toute leur place, un raccord à la fois.
Le métier de plombière, c'est quoi?
Images: EnvatoLes plombières et les plombiers installent, réparent, modifient et entretiennent de la tuyauterie domestique, industrielle ou spécialisée. Ils peuvent également être appelés à faire l’installation et l’entretien de système de chauffage. Dans le cadre de leurs fonctions, ils lisent et analysent des plans et des devis de plomberie et de chauffage, soudent, collent, fusionnent et boulonnent des matériaux. C’est un métier essentiel pour lequel il y a une forte demande. Un emploi comme plombier demande minutie, débrouillardise et habileté manuelle. Il exige de travailler dans des conditions physiques particulières (humidité, froid, noirceur, etc.).
- Secteur: Bâtiment et travaux publics
- Durée de la formation: 17 mois
- Salaire horaire moyen: 38,00$