Deuxième métier de la construction en matière de présence féminine, la charpenterie-menuiserie attire des profils qui sortent du cadre. Des femmes comme Anabel, qui refusent de se faire dicter des limites et qui manient la scie comme d’autres manient la plume : avec précision, passion et fierté.
Une vie qui déborde d’énergie

En dehors des chantiers, Anabel est une boule d’énergie. Sportive dans l’âme, elle joue au hockey et au dek hockey, coache des jeunes et part courir avec son chien pour se vider la tête. «J’ai décroché en secondaire 4, puis j’ai fini mon diplôme dans un centre pour adultes. J’avais trop d’énergie, il me fallait un métier dehors, qui bouge», raconte-t-elle. La construction s’est imposée comme une révélation, même si ce n’était pas son premier choix. «J’ai essayé, j’ai aimé, et maintenant, je trouve ça super le fun!»
Un métier qui bouge, un monde à construire

Anabel n’est pas tombée dans la construction par hasard. Fille d’un entrepreneur en construction et en cimenterie, elle a grandi au milieu des chantiers, bercée par le rythme des marteaux et des bétonnières. «Mon père, il est vaillant, un vrai travaillant. La job, c’est dans son top trois de vie, et moi, je trouve ça beau à voir», dit-elle, admirative. C’est dans l’entreprise familiale qu’elle a fait ses premières armes, avant de décider de pousser plus loin ses compétences avec un DEP en Charpenterie-menuiserie. «Travailler pour mon père m’a donné le goût d’en apprendre davantage, de poser une base solide pour ma carrière», ajoute-t-elle.
La charpenterie-menuiserie, c’est bien plus que tailler des poutres ou clouer des planches. C’est un art polyvalent qui touche à tout: charpentes, fondations, planchers, toitures, escaliers, isolation, finitions intérieures et extérieures, portes et fenêtres. Les finissants de ce DEP sortent avec un bagage technique impressionnant, prêts à relever des défis variés sur le marché du travail. «C’est un emploi qui bouge et qui me permet de créer quelque chose de durable, qui a de la valeur», confie Anabel avec une pointe de fierté. Pour elle, ce métier est une évidence: «J’avais besoin d’un boulot qui va aussi vite que moi.»
Une formation entre théorie et coups de marteau
Au Centre de formation professionnelle de Jonquière, Anabel a trouvé un terrain fertile pour faire grandir sa passion. Si la théorie occupe une place dans le programme – calculs de charges, lecture de plans – c’est dans les ateliers pratiques qu’elle s’épanouit vraiment. Là, les élèves manipulent des outils modernes, des scies circulaires aux perceuses, sur des plateaux de travail qui reproduisent les réalités du chantier. «Les profs sont super fins, souvent des anciens du métier. Ils savent de quoi ils parlent et te racontent comment ça se passe pour vrai sur le terrain», souligne-t-elle. Cette proximité avec des mentors expérimentés l’a aidée à affiner son savoir-faire et à gagner en confiance.
«Il y a tellement de métiers différents en construction, tu peux vraiment trouver ta place. Tout le monde que je connais dans la construction aime son boulot. Quand tu travailles sur un bâtiment qui va perdurer dans le temps, tu peux dire que tu étais là et que tu as participé à ça.»
Être femme dans un monde d’hommes

Anabel n’a jamais senti de discrimination dans son parcours. «Tout le monde croit en moi, c’est vraiment le fun», dit-elle, reconnaissante. Mais elle sait que son expérience n’est pas universelle et que certaines femmes hésitent encore à plonger dans ces métiers. À celles qui doutent, elle lance un message clair: «Foncez, gardez la tête haute! Ce n’est pas toujours rose, mais ce que je vis en ce moment, c’est tellement beau. Faut pas écouter la petite voix qui te dit que t’es pas capable parce que tu es une fille.» Pour elle, l’inclusion se fait naturellement, comme lorsqu’on rejoint un groupe d’amis. «Les préjugés, ce sont souvent les vieux qui les avaient, et ils sont à la retraite maintenant», plaisante-t-elle.
Olympiades: la pression qui forge le caractère
Anabel a eu l’occasion de tester ses compétences sous pression lors des Olympiades locales des métiers, organisées dans son centre de formation. Seule fille parmi les participants, elle s’est retrouvée sous les regards d’une foule de curieux qui scrutaient chacun de ses gestes. «C’était stressant, avec tout ce monde qui passe, qui t’observe. Être la seule fille, ça mettait encore plus de pression. Je voulais prouver que je pouvais être aussi bonne, voire meilleure», raconte-t-elle avec un sourire malicieux. Cette expérience, intense, mais galvanisante, a renforcé sa conviction. «Ça m’a montré que, même en tant que fille, je suis capable de tout faire, peu importe que ce soit un métier de gars.»
Le métier de Charpentière-menuisière, c'est quoi?

Les charpentiers-menuisiers et les charpentières-menuisières construisent des bâtiments, installent et réparent des armoires de cuisine, des escaliers, des portes, des fenêtres et des structures. Ils procèdent à la démolition, isolent des murs et plafonds et réalisent la finition intérieure et extérieure de bâtiments. Dans l’industrie de la construction, c’est un métier rigoureux et valorisant qui exige des aptitudes en calcul, une excellente vision et bon sens de l’équilibre, même en hauteur. Il convient aux personnes perfectionnistes et sachant faire preuve d’initiative et d’analyse.
- Secteur: Bâtiment et travaux public
- Durée de la formation: 13 mois
- Salaire horaire moyen: 35,00%