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Doria Togou, étudier à l’international pour connecter ses rêves

Publié le : 28 février 2022
Doria Togou, étudier à l’international pour connecter ses rêves

Doria Togou a grandi dans la ville de Yaoundé, la capitale du Cameroun, avec sa sœur et ses deux frères. Son père, menuisier, et sa mère, employée dans le commerce, prennent ses études au sérieux : « J’ai eu un parcours scolaire sans histoire, raconte Doria. J’ai dû refaire ma 3e troisième année, car j’ai échoué à un examen, mais pour le reste, j’aimais l’école et mes parents ont toujours valorisé l’éducation. »

Avant d’envisager de traverser l’océan Atlantique pour poursuivre son parcours académique, Doria a entamé un baccalauréat en microbiologie au Cameroun, mais elle s’est rendu compte que ses lacunes en informatique nuisaient à sa réussite. Elle a alors décidé de prendre une pause de l’université afin d’aller renforcer ses connaissances en bureautique : « Comme c’est souvent le cas au Cameroun dans les cours techniques, il manquait cruellement d’équipement d’infrastructures. La formation était presque abstraite, uniquement théorique, alors j’ai préféré abandonner, » poursuit-elle.

L’oncle de Doria qui a immigré au Québec lui parle fréquemment de la qualité des formations en informatique ici. Tranquillement l’idée fait son chemin chez la jeune fille. « Il m’a fait valoir la qualité des infrastructures au Québec et la possibilité de me perfectionner. J’ai toujours eu une passion pour l’ordinateur, mais chez nous, nous avions le strict minimum. Il m’a convaincu que l’informatique était une filière du futur. »

Démarches administratives

Démarches administratives
Soutenue par sa famille, Doria a fait le choix du Québec. Des rêves plein les bagages et un DEP en soutien informatique en vue.

Le processus pour venir étudier au Québec comme étudiante internationale exige de la patience. Doria s’est d’abord inscrite en Soutien informatique au Centre de formation professionnelle Marie-Rollet, un centre choisi par son oncle en raison de sa bonne réputation.

Après avoir été acceptée par l’établissement d’enseignement, Doria a fait une demande de certificat d’acceptation du Québec (CAQ) pour ses études auprès du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). « J’ai dû me réinscrire à trois reprises, car le visa ne sortait pas, témoigne Doria. C’est la quatrième fois qui a été la bonne. »

Étudier au Québec

Étudier au Québec
Comme des milliers d’étudiants internationaux chaque année, Doria est passée par les différentes étapes de l’immigration pour décrocher son permis d’étude, lui permettant au passage de financer sa formation en travaillant en parallèle dans un CHSLD.

L’approbation pour le certificat d’acceptation du Québec (CAQ) dépend de certains critères, dont la capacité financière. Chaque candidat doit attester et prouver qu’il dispose des fonds nécessaires pour couvrir les frais de scolarité, les frais de subsistance pour toute la durée de votre séjour et les frais de transport (aller-retour depuis le pays d’origine). « Ce montant, 27 000$, représente une fortune pour mon père, commente Doria. Comme il s’agit d’un gros sacrifice pour ma famille, je ne peux pas me permettre d’échouer ». Après les examens médicaux de rigueur, tout s’est mis en place pour que la jeune femme entreprenne sa formation à l’automne 2019. Deux organismes l’ont appuyée pendant toutes ses démarches : Québec International et Québec Métiers d’Avenir.

Un Nouveau Monde

Un Nouveau Monde
Au CFP Marie-Rollet, la formation individualisée fut l’un des grands facteurs de sa réussite.

Au moment de faire ses bagages, Doria sait qu’elle quitte sa famille pour au moins dix-huit mois. « C’est un déménagement un peu brutal. Même si c’était pour une bonne cause, les au revoir furent difficiles pour mes parents et pour moi, d’autant que j’étais la première de la famille à quitter la maison, et que c’était ma première expérience hors du pays natal. » S’ensuit alors, selon les mots de Doria, une période sombre à son arrivée à Québec en juillet 2019 : « Je n’avais jamais vécu loin de mes parents, et j’étais très étonnée, voire choquée de constater comment les gens ici vivent différemment, chacun fait son affaire, c’est chacun pour soi. J’avais le mal du pays. »

Heureusement pour Doria, elle n’est pas seule, mais hébergée chez son oncle, sa femme et leurs enfants. « Au contact des enfants, j’ai pu me familiariser avec le français parlé ici, car au début, je ne comprenais rien, les expressions québécoises, les sacres », confie-t-elle, ça m’a vraiment aidée à m’imprégner de la culture locale.

Sa tante lui apprend à s’orienter dans la ville : « Nous sommes allées acheter des vêtements, nous avons visité l’école. Elle m’a aussi accompagnée pour simuler le trajet en autobus pour me rendre au centre de formation, et aussi aider à régler les dernières démarches administratives. Comme elle aussi étudie au Québec, nous partageons une même réalité, et elle m’a beaucoup encouragée. »

Après la réception du CAQ, Doria a fait une demande de permis d’études auprès du gouvernement du Canada. Ce permis permet à l’étudiant de travailler au Québec pour un maximum de vingt heures par semaine, durant les sessions régulières, et à temps plein durant les vacances prévues au calendrier scolaire. D’ailleurs, avant que la pandémie ne bouleverse notre quotidien, Doria travaillait dans un petit comptoir-restaurant et dans un CHSLD.

Une filière non traditionnelle

Une filière non traditionnelle
Selon la jeune femme : « La formation individualisée suit ton rythme. Tes lacunes sont tes lacunes à toi. Quand tu passes à une autre étape, c’est que tu maîtrises vraiment les apprentissages. L’école m’a appris un grand principe : à la base, tout le

Au CFP Marie-Rollet en Soutien informatique, Doria s’initie au dépannage technique, à l’installation de logiciels, à la mise en réseau. Cette formation permet aussi de se familiariser avec le service à la clientèle (répondre aux questions des usagers, résoudre différents problèmes informatiques, assembler des ordinateurs).

Au Cameroun, pareillement qu’au Québec, le secteur informatique est depuis toujours un secteur où on ne retrouve que peu de femmes. Dans sa classe à Québec, Doria n’a qu’une seule collègue féminine. « La première chose que j’ai entendue lorsqu’on a visité les salles de classe a été « Wow, des filles ! » » se souvient-elle en riant, quelqu’un était surpris de nous voir arriver, et ça m’a donné l’impression que ce serait très difficile. Heureusement, les enseignants ont été formidables, ils ont pris soin de me mettre à l’aise, et que je comprenne bien le français d’ici. »

Au Centre de formation professionnelle Marie-Rollet, parmi les facteurs qui ont contribué à sa réussite, Doria identifie la formation individualisée : « Ce type de parcours suit ton rythme. Tes lacunes sont tes lacunes à toi. Quand tu passes à une autre étape, c’est que tu maîtrises vraiment les apprentissages. L’école m’a appris un grand principe : à la base, tout le monde part de zéro. » La jeune femme n’a jamais regretté son choix d’être venue étudier à Québec : « Je ne pouvais rêver mieux. Au départ, j’avais peur, peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être en mesure de résoudre les problèmes, mais au fur et à mesure de ma formation, j’ai gagné en confiance et perdu mes complexes. »

Elle raconte une anecdote : « J’ai réussi à monter toute seule un ordinateur. Après avoir presque incendié la classe – il y a eu quelques étincelles qui ont fait peur à mon enseignant! – , j’ai envoyé une vidéo à ma famille et à mes amis au Cameroun. Ils n’en croyaient pas leurs yeux! »

« La formation individualisée suit ton rythme. Tes lacunes sont tes lacunes à toi. Quand tu passes à une autre étape, c’est que tu maîtrises vraiment les apprentissages. L’école m’a appris un grand principe : à la base, tout le monde part de zéro. »

Doria Togou, élève en soutien informatique

Un avenir… québécois?

Un avenir… québécois?
Après son diplôme, Doria souhaite travailler au Québec, voir même prolonger ses études à l’université en génie informatique. « Qui ose, gagne ! »

La différence entre l’école au Cameroun et l’école à Québec? « Il y a un monde, soutient Doria. Ici, l’élève est un client-roi alors qu’au Cameroun, les enseignants se soucient peu de notre réussite. » La pandémie de Covid19 et le confinement du printemps 2020 ont forcé la jeune camerounaise à arrêter momentanément ses études. Depuis, les cours ont repris et la jeune fille devra prolonger son permis de séjour pour terminer son DEP. « Quand je vais obtenir mon diplôme, je veux faire en sorte de trouver du travail afin de rester au Québec et obtenir le statut de résidente. » Elle envisage de pousser ses études plus loin, peut-être jusqu’à l’université en génie informatique : « Je ne veux pas me limiter, je veux me surpasser. Comme on dit dans ma famille : qui ose gagne! »

« J’ai eu une éducation TRÈS traditionnelle au Cameroun, mais mes parents croyaient en moi et en la force de l’éducation. Ici au Québec, la formation que je reçois, je ne peux rêver mieux. »

Doria Togou, élève en soutien informatique

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