Des racines et des rêves

Née à Saint-Gilles, dans la région de la Chaudière-Appalaches, Laurie a grandi dans une famille où l’entrepreneuriat était une valeur cardinale. «Ma mère est esthéticienne à son compte. Mon père, lui, a monté une entreprise de portes et fenêtres», raconte-t-elle. Cette influence parentale, combinée à celle de sa sœur cadette, entrepreneure et comportementaliste canin, a forgé chez Laurie un goût pour l’action et l’indépendance. «J’ai toujours aimé bouger, créer, comprendre comment les choses fonctionnent.»
Pourtant, son parcours scolaire n’a pas été une ligne droite. «À l’école, j’avais plus envie de m’amuser que d’étudier. J’avais du mal à me concentrer, mais j’ai quand même terminé mon secondaire 5», confie-t-elle avec un sourire. Après le secondaire, Laurie s’est laissé porter par sa curiosité: elle a voyagé à travers le monde, explorant de nouveaux horizons de la République dominicaine à la Thaïlande, avant de s’inscrire au DEP Santé, assistance et soins infirmiers dans le but de devenir infirmière auxiliaire. «J’ai complété la formation, mais je n’ai jamais vraiment travaillé dans le réseau public. J’ai fait un an dans une ressource intermédiaire pour des personnes en déficience intellectuelle, mais j’ai vite réalisé qu’un travail plus physique, moins centré sur le psychologique, me conviendrait davantage.»
Le déclic pour la charpenterie

Laurie a opté pour la charpenterie-menuiserie, un métier qui allie son amour du concret et son besoin de bouger. Inscrite au programme intensif de six mois à Laurier-Station, Laurie bénéficie d’une bourse gouvernementale et d’un horaire de cours flexible sur quatre jours. «On était même rémunérés pour étudier, sans obligation de travailler après. Ça a vraiment facilité les choses.»
La formation n’est pas sans défis. «La partie théorique, c’était le plus dur. Les calculs, les plans, ça demande beaucoup de concentration. Mais en pratique, j’étais dans mon élément. On apprend sur le terrain, en sciant, en assemblant, en construisant.» Une sortie scolaire sur un chantier a marqué un tournant: «Voir un projet en vrai, ça m’a donné un boost. J’ai su que c’était ça, ma place.»
«J’ai choisi ce DEP parce que c’est physique, c’est comme une thérapie pour moi. Et puis, j’aime travailler avec les hommes. Ils sont respectueux, à l’écoute, et ils prennent le temps de m’expliquer les choses»
Une femme parmi les hommes

Dans sa cohorte, Laurie n’était pas seule: elles étaient quatre femmes sur une classe majoritairement masculine. «On s’entraidait, on formait une belle équipe. Avec une des filles, on est devenues amies. On écoutait des films dans l’auto à l’heure du midi, on mettait de la musique en classe. C’était vraiment le fun», se souvient-elle. L’ambiance sur les chantiers est tout aussi accueillante. «Les gars sont gentils. Ils apprécient avoir une fille sur le chantier, que ça détend l’atmosphère. Je n’ai jamais senti de discrimination, ni à l’école ni au travail.»
Une fierté méritée

À la fin de son DEP, Laurie a obtenu son diplôme avec une distinction particulière : un méritas pour l’élève la plus assidue. «J’étais tellement fière. C’est une reconnaissance de mon travail, de ma persévérance», confie-t-elle. Engagée par la Société Immobilière Lessard avant même la fin de son DEP, elle s’est vu garantir du travail pour les années à venir. «Ils m’ont dit qu’il y a des projets planifiés pour au moins huit ans. Je me sens chanceuse d’être tombée dans une équipe aussi accueillante. »
Une carrière prometteuse

Laurie s’est vite intégrée à l’équipe de la Société Immobilière Lessard, où elle travaille sur des projets résidentiels, comme des immeubles d’appartements. «On fait la coquille des bâtiments: structures en bois, étanchéité, murs mitoyens, divisions intérieures. On mesure, on coupe, on assemble avec des outils pneumatiques. C’est varié, on est dehors ou à l’intérieur, selon la météo ou l’avancement du chantier », explique-t-elle. Une journée type commence à 7 h, avec une réunion d’équipe, suivi de la mise en place des outils et des mesures de sécurité. «On prend nos pauses ensemble, on dîne ensemble. Le vendredi, on finit souvent à midi et on prend une bière. Ça soude l’équipe.»
Débrouillardise et détermination

La charpenterie-menuiserie exige des aptitudes précises: précision, sens de l’équilibre, et une bonne dose de débrouillardise. Son père a joué un rôle clé dans son parcours. «Il m’a toujours encouragée. Il voyait que j’étais débrouillarde, que j’aimais le travail manuel. Il m’a même acheté mes outils et mes bottes quand j’ai commencé!» sourit-elle. Cette confiance parentale, combinée à son propre caractère affirmé, lui a permis de s’épanouir dans un milieu où les femmes sont rares. «Les charges lourdes, comme lever des portes ou des fenêtres, c’est parfois plus dur pour moi. Mais les gars sont là pour aider. Ce n’est pas une question de genre, c’est une question d’équipe.»
«Dans un nouveau métier, il faut être prête à se faire expliquer comment bien faire les choses; ce n’est pas parce que tu es une femme, c’est juste pour t’apprendre. Il faut être ouverte à apprendre.»
Un message aux futures pionnières
À une jeune femme qui hésiterait à se lancer dans un métier non traditionnel, Laurie n’a qu’un conseil: «Vas-y à 100 %. Si c’est ce que tu aimes, ne te pose pas de questions. Tu trouveras ta place, comme moi. Il y a du travail pour tout le monde, et les conditions sont bonnes: des horaires stables, des assurances, des vacances. Ce n’est pas aussi physique qu’on le pense. On ne soulève pas des murs toute seule!» Avec son casque, ses outils et sa détermination, elle construit bien plus que des bâtiments; elle construit un avenir où les femmes ont leur place, clou après clou.
Le métier de charpentière-menuisière, c’est quoi?

Les charpentiers-menuisiers et les charpentières-menuisières construisent des bâtiments, installent et réparent des armoires de cuisine, des escaliers, des portes, des fenêtres et des structures. Ils procèdent à la démolition, isolent des murs et plafonds et réalisent la finition intérieure et extérieure de bâtiments. Dans l’industrie de la construction, c’est un métier rigoureux et valorisant qui exige des aptitudes en calcul, une excellente vision et bon sens de l’équilibre, même en hauteur. Il convient aux personnes perfectionnistes et sachant faire preuve d’initiative et d’analyse.
- Secteur: Bâtiment et travaux publics
- Durée de la formation: 13 mois
- Salaire horaire moyen: 36,00 $