Info FPT Pionnières de la compétence Twitter (X) Facebook LinkedIn

Pénélope Brunet-Duval: briser le mur de la conformité

Publié le : 1er décembre 2025
Pénélope Brunet-Duval: briser le mur de la conformité

Avant d’embrasser la carrière de briqueteuse, Pénélope a exploré diverses avenues. Après un cégep en théâtre, elle se dirige vers un diplôme en protection de l’environnement à Saint-Félicien. Toutefois, après son DEC, malgré l’apparente stabilité de son emploi d’assistante chargée de projet, un malaise s’installe: «Je trouvais que les lois en environnement, bien, ça ne protégeait pas vraiment l’environnement, bien au contraire. C’est toujours l’argent qui mène Ce décalage entre ses valeurs et la réalité de son travail l’a poussée à réorienter sa carrière, une démarche qui a pris une année de recherche et de réflexion. 

Une réorientation inspirée par la construction

Une réorientation inspirée par la construction

Un désir profond de changement l'oriente finalement vers la construction, particulièrement vers le métier de briqueteuse. «Je voulais un travail qui s’effectue en plein air, parce que j’aime être dehors La perspective d’un travail physique et de résultats concrets, comme un mur de briques qu’elle pourrait regarder et toucher, finit par s’imposer à elle. Le secteur de la construction, avec ses conditions de travail avantageuses, lui offre aussi l’assurance de ne pas être sous-payée par rapport aux hommes. Le choix est clair: elle s'inscrit alors à l'École des métiers et occupations de l'industrie de la construction de Québec (ÉMOICQ) en Briquetage-maçonnerie. 

«Mes parents m'ont toujours encouragée à faire les métiers que j'avais le goût de faire. Surtout ma mère. Elle m’a vraiment soutenue, même si je choisissais une voie moins fréquentée» 

Pénélope Brunet-Duval

Un nouveau mode de vie

Mais, derrière cette décision se cache une grande force de caractère. Pénélope a dû développer sa force musculaire pour répondre aux exigences physiques de ce métier: «Je mesure 5 pi 1 po. Au début, quand on montait les murs, il fallait que je saute pour faire ma dernière rangée, je ne voyais rien, c'était trop drôle. Et en plus, j'ai des mini-mains. J'ai cherché dans tous les magasins pour des gants adaptés à ma taille, puis j'ai finalement trouvé des de jardinage pour les 3 à 5 ans», ajoute-t-elle en riant. «J'ai décidé de commencer à m’entraîner vraiment sérieusement, au moins cinq fois par semaine, puis vraiment d’avoir un programme, et de manger en conséquence aussi Une discipline qui a payé, car elle n’a jamais reculé devant les défis. 

Le défi de la minorité et de la discrimination

Le défi de la minorité et de la discrimination

Pénélope n’était pas naïve. Elle savait que le monde de la construction, et plus particulièrement le métier de briqueteuse, est dominé par les hommes. L’Association de la construction du Québec (ACQ) le souligne d’ailleurs: les femmes représentent moins de 1 % de la main-d’œuvre dans ce corps de métier. «Je savais que j'allais être la seule fille, mais ça m'est arrivé souvent dans ma vie. Je me faisais confiance pour gérer ça.» Parmi les initiatives qui font une différence à son centre de formation, Pénélope mentionne les techniciennes en travail social (TTS) présentes et disponibles pour aider les élèves à gérer le stress, entre autres choses. 

Le manque de représentation féminine dans la classe de son centre de formation professionnelle, elle l’a vécu comme une réalité qu’elle allait devoir apprivoiser. «Au début, je sentais le besoin d’être meilleure que les autres. Et au fil du temps, et des discussions avec les techniciennes en travail social et avec les enseignants, j'ai compris que cela n'était juste vraiment pas important. C'était à l'intérieur de moi qu'il fallait que je règle ça.»

Ce combat intérieur contre la pression extérieure l'a amenée à se concentrer sur son propre parcours. L'important n'était pas d'être meilleure que les autres, mais de progresser à son propre rythme, en développant ses aptitudes. 

Un métier minoritaire parmi les minoritaires

Un métier minoritaire parmi les minoritaires

Parmi Ies secteurs de la construction où les femmes peinent à se faire une place, le métier de briqueteuse-maçonne a toujours été identifié comme un des moins favorables. Les débuts furent loin d’être faciles. Son premier stage, à construire des murets de roches au jardin Jeanne-d’Arc, fut un véritable défi. Pénélope n'avait jamais fait cela, et se retrouvait parfois sous le regard des touristes. «Il fallait vraiment que je prenne mes talents de théâtre et que je fasse semblant que je savais ce que je faisais.» se remémore-t-elle. Elle utilise ici une touche d’humour et une confiance en soi bâtie sur des années d'expérience sur scène pour surmonter la pression.  

L'acceptation et la solidarité au travail

Bien que Pénélope ait été confrontée à des comportements discriminatoires par moments avec des camarades de sa classe, c'est dans le monde du travail qu’elle a été soulagée de constater la solidarité et la bienveillance de ses collègues. Son premier stage chez Maçonnerie Murphy, une entreprise spécialisée en restauration de bâtiments historiques, fut un tournant. «Tout le monde était super ouvert d'esprit et tout le monde avait le goût de me montrer leurs trucs. Je les ai vraiment appréciés 

«Je suis féministe. Au fur et à mesure que l'entreprise pour laquelle je travaille va grandir, je vais pouvoir aller chercher d'autres femmes et essayer d'ouvrir un peu plus le milieu 

Pénélope Brunet-Duval

Un futur pavé de briques et d’ambition

Un futur pavé de briques et d’ambition

Pénélope est aujourd’hui contente de sa progression. «Je suis fière de mes nouveaux muscles. Je suis fière de mon assiduité à l'école puis de ne pas avoir lâché. Aujourd'hui, d'avoir la confiance d'être capable de monter de bons murs droits.» Ses ambitions sont claires: elle veut devenir compagnonne et perfectionner ses compétences. L'idée de se lancer dans la taille de pierre, un domaine qu'elle admire depuis toujours, la séduit. 

Elle est également consciente des avantages qu’un environnement de travail plus inclusif peut offrir. «Un avantage dans la construction pour les femmes, c’est que les cours complémentaires qui sont donnés l’hiver, il y a 10 % de places qui sont réservées aux femmes.» Ces initiatives sont précieuses, car elles ouvrent la voie à une transformation progressive de la profession. 

L’avenir est féminin dans la construction

L’enthousiasme de Pénélope est palpable. «Je suis optimiste pour l’avenir des femmes dans la construction. J’ai beaucoup d’amies qui travaillent dans le domaine. Elles existent les équipes de travail qui sont inclusives et où les femmes sont heureuses d’aller travailler chaque jour.» 

 Le parcours de Pénélope témoigne de persévérance, de courage et de détermination. Elle incarne l’idée qu’une femme peut occuper une place dans des métiers traditionnellement masculins, non pas en cherchant à prouver quelque chose aux autres, mais en suivant sa propre voie, avec confiance et audace. Dans un métier comme celui de briqueteuse, où la présence féminine reste marginale, son histoire est inspirante pour toutes celles qui, demain, suivront ses pas. 

«Je pense que les femmes hésitent à exercer des métiers traditionnellement masculins par peur du milieu de travail. Dans un milieu de travail, c'est important que tous tes collègues, pas nécessairement tous, mais qu'au moins une majorité te respecte pis tu t'entends bien avec. C'est comme si tu veux choisir un métier que tu aimes, il faut aussi que tu passes de belles journées  

Le métier de briqueteuse-maçonne, c'est quoi?

Le métier de briqueteuse-maçonne, c

Les briqueteuses-maçonnes et les briqueteurs-maçons taillent, scient et posent des briques. Ils construisent des cloisons avec des blocs de pierre, de béton ou de verre pour en faire des murs. Sur les chantiers, ils préparent le mortier et tirent les joints. Ils peuvent également avoir pour tâche d’installer des éléments architecturaux, de poser des isolants et des matériaux sur des foyers, des fours et des fournaises ou encore de faire des réparations de maçonnerie. C’est un métier gratifiant qui convient aux personnes productives, minutieuses et perfectionnistes dotées d’une bonne dextérité manuelle. Un emploi dans la construction à titre de briqueteur-maçon requiert une bonne endurance physique, une excellente vision et un bon sens de l’équilibre, particulièrement en hauteur. 

  • Secteur: Bâtiment et travaux publics 
  • Durée de la formation: 9 mois 
  • Salaire horaire moyen: 38,37$ 
Articles similaires
Stéphanie Primard: ébéniste dans un monde d’hommes
Stéphanie Primard: ébéniste dans un monde d’hommes
À 37 ans, Stéphanie Primard est une femme audacieuse et polyvalente qui a choisi de se réinventer dans un métier traditionnellement masculin. Avec son énergie débordante et sa vision novatrice, cette future ébéniste ne se contente pas de façonner des meubles: elle construit un avenir où chaque femme peut choisir sa voie, sans limites.

Pionnières de la compétence Déc.

Tanya Labonté: s’affirmer en tant que charpentiere-menuisière
Tanya Labonté: s’affirmer en tant que charpentiere-menuisière
Dès son enfance, Tanya Labonté a baigné dans l'univers de la construction. Pourtant, ce n'est qu'après avoir exploré d'autres voies qu'elle a trouvé sa véritable passion: «J'avais envisagé une carrière en soins infirmiers, mais ce n'était pas pour moi. J'avais besoin d'un travail plus manuel, moins dans le soutien émotionnel, et où je pouvais voir concrètement le fruit de mes efforts.»

Pionnières de la compétence Déc.

Anabel Harvey: une charpentière-menuisière qui redéfinit les règles du jeu
Anabel Harvey: une charpentière-menuisière qui redéfinit les règles du jeu
Dans un métier où les femmes restent rares, la charpentière-menuisière Anabel Harvey prouve que la passion et la ténacité peuvent faire tomber les barrières. «La construction, c’est un super métier, et il y a de la place pour tout le monde»,

Pionnières de la compétence Août

Fermer l'assistant FPT