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Stéphanie Primard: ébéniste dans un monde d’hommes

Publié le : 1er décembre 2025
Stéphanie Primard: ébéniste dans un monde d’hommes

À 37 ans, Stéphanie Primard est une femme audacieuse et polyvalente qui a choisi de se réinventer dans un métier traditionnellement masculin. Après un parcours riche et varié, marqué par des études en sciences infirmières, un passage dans le soutien informatique et des années palpitantes comme technicienne expérience en soins ambulanciers, elle opte pour le Diplôme d’études professionnelles (DEP) en Ébénisterie du Centre de formation Innovation Outaouais.

Stéphanie incarne une détermination à briser les stéréotypes de genre tout en redéfinissant sa relation avec le travail. À travers ses défis et ses aspirations, elle lance un message aux femmes qui hésitent à emprunter des voies non conventionnelles. 

 

Un parcours éclectique

Un parcours éclectique

Le parcours de Stéphanie est tout sauf linéaire. Après un DEC en sciences naturelles, elle s’oriente vers un baccalauréat en sciences infirmières, motivée par un rêve initial de devenir médecin. Cependant, des bouleversements personnels, comme le divorce de ses parents, affectent ses résultats scolaires, la détournant de la médecine. Après un bref passage comme infirmière, elle part en France pour une année d’études en médecine, mais revient sans diplôme et sans ressources financières. Pour subvenir à ses besoins, elle travaille deux ans dans l’entreprise qui emploie sa mère comme technicienne en soutien informatique, un domaine qu’elle maîtrise intuitivement malgré l’absence de formation formelle. 

Insatisfaite par cet environnement, Stéphanie se tourne vers les soins préhospitaliers d’urgence, complète un DEP et devient technicienne ambulancière pendant six ans en Outaouais. Ce métier, qui allie autonomie, adrénaline et contact humain, lui convient davantage. «Accompagner quelqu’un dans un moment de vulnérabilité, mais aussi de force, c’est exceptionnel. On est dans le vrai», confie-t-elle. Pourtant, l’épuisement moral et psychologique, amplifié par le diagnostic de cancer de son père, la pousse à faire une pause et à se réorienter. 

«Osez changer d’idée, même à 30, 40 ou 50 ans. Un parcours non traditionnel, ce n’est pour tout le monde, mais si ça vous appelle, foncez. Il faut de la force de caractère et de l’authenticité, mais c’est tellement gratifiant.»

Une réorientation audacieuse

C’est lors d’une démarche d’orientation en groupe au Centre jeunesse emploi de Gatineau que Stéphanie découvre son attrait pour les travaux manuels. «J’ai rénové ma chambre, construit une terrasse extérieure… et j’ai réalisé que j’aimais ça. C’était gratifiant», raconte-t-elle. Cette prise de conscience, combinée à une soif de nouveauté et de créativité, la conduit à s’inscrire au DEP en Ébénisterie. Ce choix marque un retour à une passion enfouie?: «Le bois, c’est apaisant. Il pardonne, il est malléable, et il raconte une histoire», explique-t-elle. 

L’ébénisterie, où les femmes représentent moins de 10 % des professionnels selon les données de Statistiques Canada, reste un domaine majoritairement masculin. Dans sa cohorte, Stéphanie fait partie des cinq filles pour six garçons, une quasi-parité inhabituelle pour ce métier. «C’est une des premières années où on est si proches en nombre», note-t-elle avec fierté.  

Déconstruire les stéréotypes

Déconstruire les stéréotypes

Dans son parcours, Stéphanie n’a pas rencontré de sexisme flagrant, mais elle reconnaît que les attentes sociales peuvent peser sur les femmes qui envisagent des métiers non traditionnels. «On pense souvent que ces métiers sont moins compatibles avec la conciliation travail-famille ou les congés de maternité.» Pourtant, dans son centre de formation, l’égalité est de mise: les tâches, comme transporter du bois ou nettoyer l’atelier, sont partagées équitablement. «Tout le monde participe, pas juste les garçons pour le bois ou les filles pour le ménage», souligne-t-elle. 

 Son expérience comme technicienne ambulancière l’a aussi préparée à évoluer dans des environnements masculins. «Avec les gars, c’est souvent plus simple, plus direct. J’ai trouvé ma place dans ces milieux», dit-elle, contrastant avec son expérience dans des environnements majoritairement féminins, qu’elle décrit comme parfois toxiques en raison des non-dits. 

Une passion pour le bois et la création

Une passion pour le bois et la création

L’ébénisterie, qui combine minutie, créativité et habiletés manuelles, séduit Stéphanie par sa lenteur et son caractère concret. «Ce métier me rappelle de ralentir, de viser la qualité plutôt que la quantité. C’est une relation différente avec l’effort», explique-t-elle. Elle est fascinée par le bois, un matériau naturel qu’elle trouve apaisant et polyvalent. «Au niveau des techniques, y a un mariage entre le traditionnel et le moderne. On peut maîtriser une technique, puis sortir de sa zone de confort pour en apprendre une autre. Ça ne devient jamais monotone», ajoute-t-elle. 

Les Olympiades: un défi formateur

Les Olympiades: un défi formateur
Stéphanie en compétition aux Olympiades québécoises des métiers et des technologies

Stéphanie s’est distinguée en représentant l'Outatouais lors de la 17e édition des Olympiades québécoises des métiers et des technologies. «C’était stressant, mais grandiose. On formait une communauté, on partageait les joies des autres», se souvient-elle. Bien qu’elle ne visait pas le podium, l’expérience l’a poussée à se dépasser. «J’y suis allée pour me challenger, pour grandir. C’est ça, les Olympiades: tout le monde ne gagne pas, mais tout le monde progresse 

Une vision d’avenir et un message d’espoir

À la fin de sa formation, Stéphanie envisage de se lancer à son compte?: «J’aimerais créer des meubles intégrant de l’électronique, comme des tables avec des haut-parleurs», rêve-t-elle. Cet été, elle teste l’entrepreneuriat en suivant une formation d’appoint sur ce thème et fabriquant et vendant des bacs à jardin, une première étape vers une carrière autonome. 

Une vie riche en passions

En dehors des ateliers, Stéphanie est une femme d’action. Sportive dans l’âme, elle pratique le volleyball, le soccer, le softball, la course à pied, le canot, la planche à pagaie, le ski et le snowboard. «J’aime tout essayer, être dans le moment présent», dit-elle. Elle est aussi une lectrice avide, animée par une soif d’apprendre. «J’adore apprendre, découvrir, repousser mes limites», confie-t-elle, un trait qui définit autant sa vie personnelle que son parcours professionnel. 

Une femme qui façonne son avenir

Une femme qui façonne son avenir

À travers l’ébénisterie, Stéphanie a trouvé un espace où exprimer sa créativité, sa résilience et son indépendance. Dans un métier où les femmes restent rares, elle prouve que la passion et la détermination peuvent faire tomber les barrières. «Le bois, c’est comme la vie: il faut de la patience, mais on peut toujours recommencer», conclut-elle. Avec son énergie débordante et sa vision novatrice, Stéphanie ne se contente pas de façonner des meubles: elle construit un avenir où chaque femme peut choisir sa voie, sans limites. 

 

Le métier d'ébéniste, c'est quoi?

Le métier d

Les ébénistes dessinent et fabriquent des meubles, des modules et des produits en bois et en matériaux composites. Ils réalisent des gabarits et des assemblages (aronde, mortaise, tenon, etc.), coupent, délignent, collent, assemblent et sablent le bois avant d’effectuer la finition (peinture, vernis, placage, etc.). L’ébénisterie est un métier traditionnel qui exige minutie, créativité et habiletés manuelles. Un emploi d’ébéniste convient aux personnes qui aiment travailler seules et qui sont douées en dessin. 

  • Secteur: Bois et matériaux connextes 
  • Durée de la formation: 17 mois 
  • Salaire horaire moyen: 21,03$ 
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