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Virginie Breuillot: une passion pour la chaudronnerie

Publié le : 1er octobre 2025
Virginie Breuillot: une passion pour la chaudronnerie

Dans un atelier baigné par le bruit des chalumeaux et l’éclat des étincelles, Virginie Breuillot, 35 ans, s’applique à parfaire une soudure au plafond. Originaire de Besançon, en France, cette immigrante arrivée au Québec en août 2018 a entamé un diplôme d’études professionnelles (DEP) en Chaudronnerie au Centre de formation des métiers de l’acier à Anjou.

Un choix audacieux pour une femme dans un univers où les hommes dominent encore largement. Selon la Commission de la construction du Québec, en 2022, on ne comptait que 12 chaudronnières dans toute la province. Mais pour Virginie, ce métier n’est pas une question de genre, c’est une passion naissante, un défi à relever et une porte ouverte sur une nouvelle vie.? 

Un parcours entre cuir, bois et acier

Avant de plonger dans le monde de l’acier, Virginie a façonné son savoir-faire dans des matières bien différentes. «J’ai travaillé 12 ans dans la maroquinerie, six ans en France et six ans à Montréal», raconte-t-elle. Elle a fabriqué des sacs à main, des portefeuilles, des ceintures et autres objets de luxe, un travail exigeant «beaucoup de précision et une grande rigueur». Ses études en France, orientées vers la construction – menuiserie, bâtiment, travaux publics –, l’ont aussi initiée au travail du bois. Mais après six ans dans la même entreprise au Québec, l’envie de changement a germé. «Je voulais découvrir les métiers de la construction ici et en apprendre plus sur la culture québécoise», explique-t-elle. 

Une vocation d’acier

Une vocation d’acier

C’est ainsi que l’acier est entré dans sa vie. «La chaudronnerie m’a tout de suite intéressée pour la diversité des tâches», confie-t-elle. Découper, assembler, souder, réparer: le métier de chaudronnier, qui consiste à construire et entretenir des chaudières, des réservoirs ou des systèmes d’épuration, demande une dextérité d’artisan et une agilité d’esprit. Pour Virginie, c’est une révélation. «C’est physique, c’est manuel, et c’est tellement varié, c’est juste parfait 

Une femme parmi les hommes

Une femme parmi les hommes

Dans sa classe, où les âges s’échelonnent de 17 à 49 ans, Virginie est l’une des rares femmes. Pourtant, elle s’intègre avec aisance. «Mes collègues sont tous super adorables avec moi. Ils m’aident si j’ai besoin, et pas un seul ne m’a manqué de respect.», assure-t-elle. Pour prouver qu’elle a sa place, elle n’hésite pas à manier des outils parfois pesants ou à demander conseil pour améliorer ses techniques, notamment en soudure. «J’ai montré que je suis capable autant qu’un homme de faire les tâches demandées.», affirme-t-elle avec fierté. 

Au cœur de cette aventure, une figure se détache: Nathalie Delisle, sa mentore et enseignante. «Elle est très inspirante. Elle a travaillé fort pour arriver là où elle est aujourd’hui.» Pédagogue et patiente, Nathalie partage son expérience des chantiers avec une générosité qui marque. «Elle nous montre des photos, raconte ses expériences personnelles, et ça m’aide à mieux imaginer la vie de chantier en tant que femme.», ajoute-t-elle. Grâce à ces récits, Virginie entrevoit un avenir où elle pourra, elle aussi, laisser sa trace dans ce métier. 

«La beauté du métier de chaudronnier, c'est l’art de travailler le métal, découvrir comment le souder, le couper au chalumeau, le tordre, le chauffer, etc. Le métal prend de l'expansion, puis quand il refroidit, il reprend sa forme initiale. Dans ce métier, je monte des échafaudages, je conduis des chariots élévateurs, j’ai de multiples occasions de me dépasser et de repousser mes limites.» 

Virginie Breuillot

La beauté brute de la chaudronnerie

La beauté brute de la chaudronnerie

Ce qui fascine Virginie dans la chaudronnerie, c’est la relation intime avec le métal. Elle découvre les propriétés des matériaux – acier, composites – et les multiples facettes du métier. Physiquement, elle reconnaît que le métier demande une bonne condition. «Moi, je suis peut-être moins forte qu’un homme… ou pas forcément, parce qu’il y a des hommes moins forts!», plaisante-t-elle. Mais ce qui compte, c’est la détermination. Que ce soit pour souder au plafond – la position la plus complexe qu’elle apprend actuellement – ou pour porter des charges lourdes, Virginie prouve que la force n’est pas qu’une question de muscles, mais aussi de volonté. 

Un rêve d'avenir

À l’obtention de son diplôme, Virginie voit grand. «Je veux faire le métier de chaudronnière, trouver ma place dans mes équipes, apprendre toutes les facettes: réalisation, réparation, soudure, découpage, boulonnage», énumère-t-elle. Elle aspire à écouter les vétérans du métier pour s’enrichir de leur savoir. À long terme, ses plans sont clairs: «Trouver un emploi stable, travailler à temps plein, rembourser mes dettes, et peut-être aller faire des contrats dans le Nord. Plus tard, m’acheter une maison et me poser 

Briser les stéréotypes

Pour Virginie, promouvoir la place des femmes dans les métiers traditionnellement masculins est une mission. Lors de portes ouvertes en France ou de journées découvertes au Centre de formation des métiers de l’acier, elle a partagé son parcours. «J’ai expliqué aux femmes comment se passe mon intégration et les ai encouragées à essayer.», raconte-t-elle. Elle croit fermement que «Toutes les femmes sont capables d’entreprendre leurs études dans ces métiers.» et que les ressources existent pour les accompagner. 

«Il faut démontrer que ce sont de beaux métiers, minutieux, intéressants même pour une femme. Il faut savoir demander de l’aide, faire entendre ses idées et dire non quand c’est nécessaire»

Une vie hors de l'atelier

Quand elle ne soude pas, Virginie cultive ses passions: «J’essaie de faire du sport tous les jours – courir, des vidéos de renforcement musculaire. Sinon, je fais du jeu de rôles grandeur nature à Bicolline, je passe du temps avec mes amis, ma famille quand elle vient, et je promène mon chien, Izzy Ses parents, restés en France, la soutiennent à distance. «Ils sont venus visiter l’école il y a deux semaines, et ils m’encouragent dans ce projet», confie-t-elle. 

Une pionnière au futur lumineux

Virginie Breuillot trace son chemin dans un monde d’acier et de feu. Avec sa détermination, sa curiosité et sa soif d’apprendre, elle incarne une nouvelle génération de femmes prêtes à façonner le métal… et les mentalités. Dans cet atelier d’Anjou, entre deux soudures, elle forge bien plus qu’un métier: elle forge son avenir. 

Le métier de Chaudronnière, c'est quoi?

Le métier de Chaudronnière, c
Image: Envato

Les chaudronnières et les chaudronniers construisent, assemblent, modifient, entretiennent et réparent des chaudières, des générateurs de vapeur, des réservoirs et des systèmes d’épuration. Ils découpent, assemblent des matériaux en acier ou composites et soudent des plaques de métal. C’est un métier du secteur industriel pour qui aime travailler à l’extérieur et qui exige de travailler dans des positions (postures) variées. Un emploi à titre de chaudronnier exige de bonnes habiletés manuelles et une bonne condition physique. 

  • Secteur: Métallurgie 
  • Durée de la formation: 10 mois 
  • Salaire horaire moyen: 45,00S 
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