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Mélissa Guay: de l’esthétique à la conduite de grues

Publié le : 15 décembre 2025
Mélissa Guay: de l’esthétique à la conduite de grues

Sur les chantiers de Québec, Mélissa Guay orchestre avec précision le ballet des charges imposantes. La jeune femme de 31 ans est l’une des rares grutières du Québec, une vocation où les pionnières ne représentent que 2,4 % des effectifs en 2023. Native de Québec, mère en solo de deux filles de 7 et 10 ans, elle a choisi un chemin audacieux, défiant les stéréotypes pour s’élever, littéralement, dans un univers traditionnellement masculin. «Je ne regrette rien, même si cela m’a demandé une bonne dose de courage.»? 

 

Avant de manier des grues, Mélissa a passé une décennie comme esthéticienne. «À 17 ans, je ne savais pas quoi faire. J’avais lâché l’école, et on m’a suggéré un DEP. J’ai essayé plusieurs stages d’un jour, mais rien ne me parlait. L’esthétique, c’était un hasard. J’ai fini le cours, mais je n’ai jamais vraiment accroché», explique-t-elle. Deux grossesses et la pandémie de COVID ont prolongé son séjour dans ce métier, mais le manque de défis l’a poussée à chercher autre chose. «J’aimais le côté humain, aider les gens à se sentir mieux. Mais j’avais atteint un plafond. Il me manquait des défis, quelque chose qui me pousse à me dépasser 

Le déclic d’une nouvelle voie

Le déclic d’une nouvelle voie

La transition vers la conduite de grue n’a pas été un coup de tête. Séparée du père de ses enfants, Mélissa, devenue mère solo, voulait une carrière qui lui offrirait autonomie financière et épanouissement. «Je voulais améliorer ma vie, être indépendante, sans sacrifier ma famille. Mais je ne savais pas par où commencer», raconte-t-elle. Une rencontre avec une conseillère d’orientation a ouvert des perspectives, mais c’est un ami grutier qui a allumé l’étincelle. «Il parlait de son métier avec passion. J’ai posé des questions, j’ai même visité un chantier à Hauteville. Ça a piqué ma curiosité, et je me suis dit: pourquoi pas moi 

Un retour à l’école rempli de détermination

Un retour à l’école rempli de détermination

Pour devenir grutière, elle a complété deux diplômes d’études professionnelles (DEP): l’un en Transport par camions, l’autre en Conduite d’engins de chantier, suivis au Centre national de conduite d’engins de chantier à Saint-Jean-Chrysostome. Financer ce retour aux études comme mère célibataire était un défi. «J’ai dû me battre pour que Revenu Québec couvre les deux formations. Heureusement, il y avait un programme pour encourager les femmes dans les métiers en manque de main-d’œuvre pendant la pandémie», explique Mélissa. Mais la conciliation travail-famille-études l’effrayait: «C’était dur de trouver un équilibre. Être mère à temps plein sans répit, tout en étudiant, c’était intense. Mais je me concentrais sur l’essentiel 

«Je suis fière de l’exemple que je donne à mes filles. Au début, elles ne comprenaient pas vraiment ce que je faisais. Puis je leur ai montré un chantier, et maintenant elles en parlent tout le temps! Je leur montre qu’il n’y a pas de barrières, sauf celles qu’on s’impose. Être une fille ne limite pas ce qu’on peut accomplir. Elles sont tellement fières 

Une femme seule dans un monde d’hommes

Une femme seule dans un monde d’hommes

Dans sa cohorte, Mélissa était la seule femme. Pourtant, elle garde un souvenir positif de sa formation. «J’ai été super bien accueillie. Mes collègues et profs étaient formidables. Je n’ai rien de négatif à dire», assure-t-elle. Ce qui l’a passionnée? «Les possibilités infinies. Il n’y a pas de plafond dans ce métier. Chaque chantier est différent, chaque levage est un défi. C’est mental, stratégique. Il faut évaluer les obstacles, positionner la grue, assurer la sécurité. Comme un puzzle géant Les mathématiques et la théorie étaient parfois ardues, mais sa détermination a pris le dessus. 

S’épanouir sur le chantier

S’épanouir sur le chantier

Employée chez Guay, chef de file en location de grues au Québec, Mélissa a trouvé sa place rapidement. «Pendant ma formation, on m’avait dit que les femmes étaient recherchées, donc je n’avais pas peur de ne pas trouver d’emploi.» Ses collègues sont d'ailleurs devenus une seconde famille: «J’ai des collègues en or, toujours là pour m’aider Certains clients restent surpris de voir une femme aux commandes. «Ils ne sont pas tous enthousiastes, mais je garde mon calme. Je prouve par mes compétences qu’ils ont tort de douter», affirme-t-elle avec assurance. 

Un mentor et un syndicat à l’écoute

Mélissa a bénéficié du soutien d’un ami grutier, mentor précieux qui l’a guidée à chaque étape. «Il répondait à toutes mes questions, me rassurait. Ça m’a donné confiance», dit-elle. Son syndicat joue aussi un rôle clé: «On a un comité de femmes qui organise des 5 à 7. Ça permet de partager nos expériences, de ventiler. On réalise qu’on n’est pas seules.» Ces rencontres renforcent sa résilience face aux défis du métier. 

 «Quand je me suis orientée, j’aurais aimé parler à une grutière. Je ne savais pas où en trouver. Il faut en parler davantage, montrer des femmes qui réussissent dans ces métiers. Ça changerait la donne

Une carrière en pleine ascension

Une carrière en pleine ascension

Mélissa s’apprête à passer son examen pour devenir compagnon. «Les vrais défis arrivent. Je vais manipuler plus de machines, gérer des levages plus complexes. C’est excitant Dans cinq ans, elle se voit plus à l’aise, maîtrisant pleinement son art. «Le monde des grues, c’est un long apprentissage. Dans cinq ans, je serai confiante dans toutes les situations», projete-t-elle. À plus long terme, elle rêve de voyages: «Partir plus souvent, découvrir le monde avec mes filles 

Un message aux futures pionnières

Mélissa incarne cette conviction que les seules limites qu'on a sont celles qu’on s’impose et qu'il est possible de transformer sa vie. « Je suis fière d’avoir fait ce cheminement comme mère solo. C’est ma plus grande réussite », conclut-elle.  

«Ne laissez jamais les doutes ou les voix négatives vous freiner. Chaque femme qui a osé entrer dans un domaine dominé par les hommes a ouvert la voie pour d’autres. Vous êtes les pionnières d’une nouvelle ère. Chaque grande réalisation commence par un rêve audacieux. Osez grand, osez vous lancer! Entourez-vous de personne qui vous soutiennent, qui croient en vous, et ce même quand vous doutez vous-même à poursuivre vos ambitions. Les défis ne sont pas des obstacles, mais des tremplins vers votre succès.» 

Le métier de grutière c'est quoi?

Le métier de grutière c

Les grutières et les grutiers chargent, déchargent et déplacent des matériaux, construisent des murs de soutènement et enfoncent des pieux. Dans le cadre de leurs fonctions, ils peuvent avoir à opérer une pompe à béton ou à effectuer l’entretien ou l’assemblage des grues mobiles et à tour. C’est un métier exigeant qui requière une bonne vision, une grande endurance physique, une excellente dextérité manuelle et de bons réflexes. Une carrière comme grutier convient aux personnes capables de travailler en hauteur, qui ont un bon sens de l’observation et des qualités d’autonomie, minutie et d’attention. 

  • Secteur: Mines et travaux de chantier 
  • Salaire horaire moyen: 35,20$ 
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